![]() Il convient d'attirer l'attention sur un danger auquel toute personne peut être confrontée : celui de retomber dans une autre relation toxique après avoir réussit à se séparer d’une première emprise. Ce phénomène, souvent négligé dans les discussions sur la guérison post-traumatique, mérite une attention particulière. Avant tout, je souhaite faire une mise au point. Ce texte concerne toute personne ayant été victime d'une relation toxique, voire sous emprise d'un pervers narcissique. Mais cela peut concerner aussi toute personne sortant d'une relation avec une personne déstabilisante. Nous sommes tous, plus ou moins, à la recherche de quelque chose. Que ce soit de l'amour ou de l'écoute. Mais surtout une forme de compréhension. Surtout dans la recherche de soi, dans l'acceptation de nos fantasmes, nos envies. L'intimité que l'on offre à l'autre est à double tranchant. Le BDSM relie les êtres par de multiples liens que j'aime à définir comme plus puissants que la relation vanille. Quand la relation se termine, les dégats sont souvent dévastateurs. Il faut se remettre. Et donc le sujet traite ci de "l'après". L'échange de pouvoir implique une forme d'emprise. Si elle est établie par une personne toxique, voire un pervers narcissique, les traumas sont énormes et il faut du temps pour se remettre.
Juste après avoir réussit à sortir de l'emprise, il reste un vide, une faiblesse. Et malgré la prise de conscience de cette emprise et la certitude où l'on se répète "qu'on ne s'y fera plus prendre", c'est tout à fait le contraire qui se produit. Un vide émotionnel persiste et de manière inconsciente, la victime laisse souvent n'importe qui prendre cette place. Fréquemment, un second pervers narcissique (PN) s'installe. Il n'est pas rare de constater des expériences de vie où, avant de se libérer complètement, les victimes font l'erreur de succomber à nouveau dans une relation toxique. Ces schémas relationnels répétitifs ne sont pas dus au hasard. On explique généralement ce phénomène par les réflexes d'emprise auxquelles les victimes se sont habituées. Une autre explication peut être proposée : tout comme les personnes étaient semi-conscientes de leur situation, elles avaient fait des choix comme de se taire, courber l'échine, renoncer au bonheur au profit de la protection des enfants. Dans ce trou laissé par l'absence du pervers narcissique, existe un grand besoin d'amour, de compréhension et de soutien. La victime va donc chercher quelqu'un qui donne l'impression de combler ce vide. C'est précisément cette vulnérabilité qui expose à d'autres manipulateurs. Souvent, c'est un autre narcissique qui vient achever de détruire la personne fragilisée. La plupart du temps, ce second PN ne fait pas long feu, mais il a le temps de souligner encore la faiblesse et d'alimenter la culpabilité de sa victime. Les victimes ont souffert, ont coulé profondément, souvent durant des années. Et par miracle, après avoir rampé, l'âme écorchée, elles réussissent à fuir. Puis durant des mois, il leur faut continuer à fuir, se battre, bâtir un mur et se reconstruire. C'est durant ce laps de temps que la prise de conscience de l'étendue des dégâts se fait. Avec ce temps justement, les victimes commencent à parler. Assistants sociaux, psychologues, gendarmerie, police, amis et famille avec qui les liens sont renoués. La plupart du temps, cela ne soulage pas vraiment. L'histoire est répétée et l'énergie dépensée est immense, s'ajoutant à la culpabilité. Ainsi, dans cette période de reconstruction, les personnes se laissent séduire par n'importe quelle parole mielleuse, proposition d'écoute "gratuite" ou discours amical. La méfiance est de mise. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les personnes qui paraîtront dures ou distantes, ou simplement objectives qui seront les meilleurs alliés des victimes. Mais tous ceux qui seront trop gentils ne les aideront pas, parfois sans même le faire exprès. Il ne faut pas nourrir les faiblesses, ni se sentir écouté et compris par n'importe qui. Cette perspective, rarement abordée dans les conseils de guérison post-traumatique, est pourtant essentielle : l'objectivité est souvent plus bénéfique que la sympathie excessive. Un exemple concret illustre ce propos. Récemment, dans un groupe de soutien dédié aux victimes de pervers narcissique, une personne a partagé son témoignage. Parmi les commentaires, s'est imposé un homme avec un discours sirupeux et très long rempli de poncifs, tutoyant les membres sans les connaître. Après vérification de son profil, il s'est avéré qu'il venait à peine de créer un compte en se faisant passer pour un psychothérapeute "spécialiste des relations toxiques" - une spécialité qui n'existe pas officiellement. Cet homme possédait un autre profil, où il se présentait comme infirmier et hypnothérapeute éricksonien, "spécialiste" (encore) de l'addiction. Sa page était remplie de phrases légères sur la philosophie de vie, toutes aussi dérisoires les unes que les autres. Il avait manifestement créé un nouveau profil pour attirer une nouvelle clientèle. Son comportement de caméléon a éveillé des soupçons quant à ses véritables intentions. Lorsque confronté au fait qu'il se présentait comme un spécialiste sans avoir conscience des responsabilités qui lui incombaient, sa réponse fut simplement de bloquer son interlocuteur. Le vrai problème fut que la personne (victime) à l'origine de la publication prit sa défense en affirmant que son discours lui avait fait du bien. Il est donc crucial de faire attention aux personnes à qui l'on se confie. Il faut être vigilant envers ceux qui semblent vouloir du bien. Il peut s'agir d'un autre narcissique en recherche de proie. Mais tout intervenant qui feint la bienveillance peut aussi ralentir ou faire souffrir davantage. La véritable voie vers le mieux-être passe par le fait de se débarrasser de la culpabilité (même si c'est rarement total) mais surtout par le développement d'une certaine force intérieure et la reprise de confiance en soi. Du temps sera nécessaire avant de retrouver la capacité d'analyse permettant de distinguer ceux qui veulent vraiment aider de ceux qui cherchent à exploiter. Les motivations des exploiteurs varient : pour certains, ce sera l'argent, pour d'autres le sexe, pour d'autres encore simplement prendre le contrôle de tout ou partie des actions ou pensées de leur victime. Il est recommandé d'agir avec méthode et de mettre des barrières intellectuelles en place. Apprendre à dire non est essentiel. La seule solution véritable consiste à se reconstruire soi-même au milieu d'un champ de ruines. Ce processus est difficile. Après avoir souffert et avoir eu un sursaut de survie, le chemin de la réparation est long. De plus, durant tout ce processus, il faut continuer à rester vigilant et méfiant. N'importe quelle personne qui donne l'impression d'envoyer une bouée de sauvetage peut en réalité tirer vers l'arrière. La prudence reste donc de mise en toute circonstance. Le temps est un allié indispensable. Des étapes nombreuses et parfois difficiles peuvent jalonner la reconstruction. Ethan P.S. : inutile de répéter que le terme "pervers narcissique" est galvaudé. Nous sommes sensés parler de "troubles de la personnalité narcissique". Mais pour les victimes c'est une appellation qui permet de personnaliser un individu qui a mal agit et pas simplement une patholgie.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Juin 2025
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