![]() Je dois avouer que je suis toujours attiré par le côté transgressif. J’aime à pousser au delà des petites limites. Ainsi, si je suis toujours friand de partager ma philosophie avec d’autres adeptes, je ne me manque pas d’être attiré par les complètes béotiennes. Comme me l’avait dit une amie intime : « faire de l’inception ». Planter la graine du BDSM dans l’esprit de femmes « innocentes ». Il faut d’abord déterminer celle qui a le potentiel, puis aborder le sujet. Anecdote … Au mois de décembre, un client me convie au déjeuner de fin d’année. Il invite ses prestataires de confiance. J’arrive au bureau avec un peu de retard et je retrouve mes collègues dont une que j’ai déjà rencontrée deux fois. Nous sommes 6. Comme souvent, la conversation tourne déjà autour du sexe. Les mâles aimant paraître grivois face à de belles femmes qu’ils ne pourront séduire. Je garde un peu mes distances ne partageant pas totalement ces manières un peu triviales et sachant surtout que ce n’est pas la bonne façon d’attirer quelqu’un.
Les plaisanteries plus ou moins fines volent et j’en attrape une pour faire une allusion aux multiples utilisations de la bouteille de champagne. Je laisse à nouveau le sujet rebondir puis je refais une évocation des accessoires du style cravache en concluant que « 50 nuances de gras, c’est la bibliothèque rose du BDSM ». Ma collègue se tourne vers moi et me dit qu’elle a bien aimé le livre. Je la regarde d’un air compréhensif et j’avoue que je suis content que le livre existe pour sensibiliser les âmes en quête de sensation. Mais que cela reste une histoire d’amour basique par rapport à la réalité. Comment savoir qu’elle est intriguée ? C’est simple : le volume de sa voix s’abaisse, elle se penche pour me parler. - Réalité ? Quel moment exquis. Ce basculement, cet hameçonnage en douceur. Je la fixe, fait semblant d’hésiter, comme si je réfléchissais aux conséquences de mes paroles, comme si j’allais lui révéler un secret. Et je lui fais la confidence. - Disons que…comment dire…Si on exclue le côté millionnaire bien sur…50 nuances de grout, c’est un peu mon quotidien force 10. Prétentieux ? Peut être. Dominant. A coup sûr. Il faut alors planter le clou. Démonter la véracité de mes propos. Je me lance dans un discours à mots couverts qui doit être concis mais explicite. - Pour moi ce n’est pas un jeu, c’est une philosophie qui mène au bien être, une façon de vivre qui touche à l’entièreté de l’être. Ce n’est pas qu’une suite de pratiques diverses, mais cela a un socle, un objectif. Cela incombe des responsabilités, un savoir faire. La relation est particulière, fusionnelle avec la soumise. Le tout basé sur la confiance qui l’amène au lâcher prise et qui apporte jouissance mais aussi sérénité, liberté et force dans la vie de tous les jours. Comme j’apprécie chaque acquiescement silencieux de cette femme. Les autres convives sont oubliés. Elle se transporte dans un autre monde. Bien sûr, on ne manque pas de nous faire remarquer notre conciliabule. Nous partons tous pour le restaurant. Mon moment préféré ? Celui ou elle s’installe ostensiblement à côté de moi et bien vite, pour éviter que quelqu’un d’autre ne le fasse. Elle se donne un air naturel et elle ne manque de rapprocher sa chaise vers moi en s’asseyant. Nous faisons comme si de rien n’était tout au long du déjeuner. Nous attendons les moments ou les autres parlent entre eux pour continuer d’échanger. Elle est curieuse, boit mes paroles. Je reste sérieux, sans sous entendus, sans drague. Je ne fais que distribuer de l’information. Je n’ai absolument pas l’objectif de la séduire ou de la dominer. Non, je suis satisfait de faire germer un peu de perversion. Faire éclore des pensées salaces. Je ne suis pas un chasseur en quête de proie, je suis un jardinier. Je plante une graine. Celle de la liberté, de la vie plus intense. Non pas qu’elle soit malheureuse, mais confirmer qu’il y a d’autres facettes possibles lui donne de l’énergie. Au diapason, nous nous concertons en silence pour sortir fumer. Un collègue qui a remarqué notre manège, nous suivra tout de go. Je ne suis même pas gêné par son attitude car il ne fait que renforcer notre cohésion entre elle et moi. Elle me jette un regard entendu en levant les yeux au ciel, fume lentement et en allume une autre dans le bon timing pour le collègue rentre sans nous. Nous reprenons notre conversation. Que dis-je ? Je n’en sais rien. J’évoque certainement sans détour les pratiques, ma situation, ma philosophie sans ambages. Cette femme est belle mais endosse ce rôle de maman/travailleuse disciplinée qui l’affadit. Et au fur et à mesure qu’elle abasorde mes paroles, elle se redresse, chaloupe du bassin, sourit comme une adolescente en fleur ou comme une femme fatale et son aura s’illumine. C’est ma récompense. Je n’en veux pas plus. Croyez-le ou non. C’est l’inception. Insérer une idée qui va germer pour qu’elle évolue et s’épanouisse. Avant de partir, elle me fait promettre de lui envoyer un de mes textes. Je l’ai fait. Comme prévu, elle n’est pas revenue vers moi pour en parler. C’est logique. Ce serait dire qu’elle est intéressée alors qu’elle est heureuse dans son mariage ou avouer qu’elle veut révolutionner sa vie alors qu’elle n’est pas prête. Je l’ai touchée dans son intimité par surprise, il est normal qu’elle ait le réflexe de se protéger. Je vais simplement attendre qu’elle se sente à l’aise, qu’elle comprenne que je ne veux pas d’elle comme soumise. Et au détour d’une conversation, un jour, elle me demandera « où j’en suis ». Ou pas… Ne soyez pas déçu que cette anecdote ne finisse par une visite des toilettes du restaurant ou une petite culotte qui atterrit dans ma poche. Ce n’est vraiment pas le but dans mon esprit. C’est valorisant et presque militant de montrer sur une carte de la vie qu’il existe une île explorée par peu de monde et qu’elle est paradisiaque. Je ne suis pas un vendeur, pas un dragueur, pas un chasseur. Je suis un conteur d’Atlantis qui sème les graines de la liberté. Ce qui m’amène à la question : comment vivez-vous votre bdsm auprès des vanilles ? Quand et comment avez-vous fait le pas d’avouer votre choix de vie ? Ethan Illustration : Ethan Dom. Non libre de droit.
1 Commentaire
Galathee
9/4/2019 12:58:42
Il y a peu de personnes dans mon entourage amical qui sont au courant que je suis une femme soumise.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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