![]() Je savais que j’attirerais votre curiosité par ce titre racoleur qui révèle les sombres pensées de quelques mauvais dominants. Retour sur les Pervers Narcissiques et les doms omnipotents. Commentaire de Everas sur le texte de manipulation mentale : les pervers narcissiques. « En lisant votre article j’oscille entre oui, non, oui, non. Je vis ma première expérience BDSM et comme j’ai eu deux relations personnelles avec des PN, je suis un peu sur mes gardes. Certaines choses me posent question et je me dis que ça fait partie de son rôle de Dominant… Comment savoir, quand on a aucune expérience, comment se comporte un Maître sain et quand ça devient pas normal, abusif ? Un autre point qui me pose question c’est l’attirance pour le BDSM alors qu’on a souffert comme victime de PN déjà par le passé ! » Chère Everas,
Je voulais vous envoyer un courriel personnel et puis j’ai estimé que ma réponse peut éventuellement servir à d’autres. Sur le coup, j’ai bien compris votre commentaire. Il ne peut y avoir de blanc ou de noir. Il n’y a que des cas particuliers. Et un seul texte ne peut expliquer toute la manipulation mentale et ses dérives. Donc, a priori, on peut comprendre vos hésitations. J’ai dormi là-dessus et me suis réveillé en me disant qu’il y avait peut-être des moyens pour vous aider à décider. 1) "En lisant votre article j’oscille entre oui, non, oui, non. " Je pense qu'en BDSM, l’hésitation n’existe que dans des moments précis et furtifs. L’hésitation c’est avant le basculement de femme à soumise. L’hésitation c’est quand on commence une nouvelle pratique. L’hésitation c’est quand on atteint un seuil de douleur. Et toutes ces hésitations ont pour origine la peur. Dans les passages du statut de femme à soumise, il y a souvent cette décharge qui traverse la colonne vertébrale. Pour certaines, c'est une chaleur soudaine au bas du ventre. Pour d’autres c’est presque un vertige. Les plus expérimentées se glissent avec délectation dans la peau de soumise comme elles rentrent dans un bain moussant. Les sensations sont tranchées. L’hésitation doit faire partie de l’excitation et ne dure théoriquement pas longtemps. On ne parle pas de l’hésitation entre deux plats au restaurant, de la couleur d’une robe ou de la forme de la sangle d’un sac à main. On parle de choses intimes, de la recherche profonde de la racine de nos envies de dépassement de soi. Et même superficiellement, on est là pour vivre une aventure originale et forte, du plaisir intense et différent. Le relationnel avec l’autre est donc important. Il ou elle n’est pas qu’un sexe humide ou en érection sur lequel on coulisse en s’imprégnant de ses propres fantasmes pour obtenir une jouissance. Il y a une interaction nécessaire que les Anglo-Saxons appellent TPE ou échange total de pouvoir en français. La soumise doit céder au lâcher-prise complet et le dom est donc responsable du bien-être et de la santé de sa soumise. C’est quasiment la définition que je devrais mettre à chaque début d’article. Et, bien sûr, d’autres acronymes, d’autres façons de voir existent, comme le fait d’estimer que chacun doit être conscient des risques qu’il prend (RACK). Ceci pour déresponsabiliser le dom et responsabiliser la soum. Mais je ne vais pas m’appesantir sur ce sujet ici. Je vais plutôt revenir à vos hésitations. Posez-vous la question et faites la balance entre la peur et le plaisir. - Etes-vous en manque de sensations ou de votre « dom » ? - Avez-vous peur avant mais avez-vous quand même du plaisir pendant ? - Dans les séances avez-vous plus de douleur et de peur, que de sensations d’être perdu et/ou de plaisir ? - Avez-vous eu l’impression d’évoluer même un tout petit peu ? - Vous sentez-vous plus punie que gratifiée ? - Comment vous sentez-vous en dehors de la prise en main de votre maître ? Plutôt en manque ou plutôt soulagée ? Ces questions doivent vous aider à savoir si vous êtes dans une balance positive ou négative. Arrêtez de croire qu’il y a des instances supérieures. Si les incertitudes persistent bien après les séances, il faut sortir d’une relation qui risque de devenir toxique. On recherche le bonheur, non ? 2) « Certaines choses me posent question et je me dis que ça fait partie de son rôle de Dominant… » Il y a des choses que l’on cache à dessein comme une planification de séance car on veut faire une démonstration qui doit être révélée après. Mais la plupart des doms qui n’expliquent rien c’est soit : - Ils ne savent pas ce qu’ils font - Leur ego les empêche d’expliquer par peur de perdre leur aura - Ne pas répondre est l’étape avant le mensonge dans la manipulation mentale Et des fois les trois en même temps. Je cherche, je ne vois pas de raisons valable de ne PAS expliquer une action, une séance. A part des cas bien précis et qui encore se discute, comme de briser l’ego en début de relation. On ne parle pas du brisage d’ego en amont car cela pourrait faire peur et bloquer le processus. Ce qui est contreproductif. Mais rapidement, on explique le pourquoi du comment. Cela fait partie des récompenses, des marqueurs de l’évolution de la soumise. Bien évidemment, il n’y a pas de règles immuables. Il est possible qu’une soumise aguerrie puisse avoir besoin de mise en scène et de mystères sur le long terme pour toucher le doute, la perdition et le plaisir. Mais je ne vois pas de raisons de ne rien expliquer à une soumise débutante. Il m’arrive souvent de dire « ce choix ou cette action, je le garde pour moi pour l’instant ». Il n’est pas rare de commencer une séance sans thème précis pour plonger la soumise dans l’inconnu. Mais après il y a ce fameux débrief qui permet à chacun de comprendre, se féliciter et évoluer. Il y a des doms « débutants » qui ont l’honnêteté de dire « là je ne sais pas, je découvre ». Mais un « maître » qui n’explique pas ce qu’il fait, n’est pas sûr de lui. Point. Il faut arrêter de penser que les « maîtres » sont récipiendaires d’un savoir secret et millénaire qui s’acquière après des années de pratique dans les grottes du Boukistan. 3) « Un autre point qui me pose question c’est l’attirance pour le BDSM alors qu’on a souffert comme victime de PN déjà par le passé ! » Il y a quelques femmes (et un peu d’hommes) qui viennent communiquer avec moi car il y a un mélange entre des traumas et l’envie de BDSM. Celles qui sont tombées sur des PN, des sadiques égocentriques ou des faux doms mais vrais queutards. Celles qui ont été attouchées ou violées à 6, 8, 10, 12 ans… Et je ne suis ni psychiatre, ni psychologue. Je n’ai que mes recherches à droite à gauche, mon expérience et mon empathie. Et ce que mon vécu me fait remarquer est que les personnes ayant des expériences traumatiques sont souvent désorientées dans le choix des doms. La fameuse expression « pourquoi je suis toujours abonné aux connards ? » est vraie parce qu’une fois traumatisée, on a une tendance à répéter, ou à retomber dans le même piège à mouches comme un réflexe conditionnée. Nous en avons souvent parlé avec Gwen bien avant qu’elle me choisisse comme son maître. Un harcèlement moral, sexuel, ou un viol sont des éléments d’une telle force (violence) qu’ils nous marquent à vie. On a tendance à penser qu’il faut oublier cela, passer à autre chose, recommencer sa sexualité à zéro. Et certainement qu’un certain pourcentage y arrive. Mais je constate que quelques-unes débarquent dans le BDSM dans l’espoir plus ou moins conscient d’une réparation. Or, par définition, certaines pratiques BDSM, si ce n’est toutes, vont faire vivre des situations de harcèlement (insulte, discipline sévère, humiliation), de douleur (impact et pénétration hors normes), de privation de liberté et/ou de choix (bondage, discipline encore) et de sexualité forcée. La seule chose qui sépare les sensations de viols et de douleurs est le fameux safeword. Ce safeword (non, stop, arrêtez…) prononcé en criant, pleurant, hurlant, quémandant avant de se réfugier dans la dissociation. Et plus tard, on réalise que même notre corps vous a trahi. Alors pourquoi venir au BDSM ? Comme je l’ai dit auparavant, parce que ces expériences ont marqué au fer rouge votre esprit. Et qu’il est devenu quasiment impossible d’imaginer une sexualité ou une interaction avec quelqu’un autrement que par cette perte de pouvoir. Alors, on devrait dire aux personnes violées de ne PAS pratiquer le BDSM ? De se tourner vers la douceur ? D’essayer de déprogrammer ? Je pense que non. J’affirme cela par empirisme. Parce qu’il ne faut pas ignorer l’instinct de la personne qui se tourne vers le BDSM. On ne va pas restreindre la liberté d’agir d’une personne alors qu’elle se bat à la recherche de sa propre résilience. Ma théorie est qu’il n’y a pas de mauvaises soumises (à part les brats lol), il n’y a que de mauvais doms. Je vais refaire une parenthèse. Il n’y a pas besoin d’avoir été traumatisé pour avoir des tendances hors normes. Certaines personnes sont imprégnées par des images ou une simple punition qui marquent l’esprit ou éveillent des choses tapies dans l’inconscient des envies. Ces images deviennent des emblèmes qui s’imprègnent et ressurgissent plus tard spontanément ou par le truchement d’un regard, une phrase, un parfum, un film ou une attitude. C’est le cas de Masoch mais aussi Rousseau qui avoue son émoi dans les confessions et la punition de madame de Lambercier et beaucoup de poèmes de Charles Baudelaire dont celui des femmes damnées : « Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires, Qui, recelant un fouet sous leurs longs vêtements, Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires, L'écume du plaisir aux larmes des tourments ». Je suis d’ailleurs peut-être à l’origine de la dépravation de ma belle-fille qui avait 14 ans. Elle était dans sa période ado fainéante et gémissante. Après plusieurs jours de demande d’agir dans le sens de la communauté en faisant à son tour la vaisselle, rangeant ses affaires et de ne pas prendre 2 heures pour s’habiller avant de sortir… j’ai malencontreusement mis une fessée à cette ado. Une claque ni trop forte, ni trop molle, mais ferme et claquante pour la faire avancer plus vite car nous étions attendus. Une claque, une seule, tombée sous le bon angle, perpétré par quelqu’un qui en donne souvent pour donner du plaisir. Bref la boulette de la déformation professionnelle. Plus tard, elle a avoué à sa maman que la claque sur les fesses lui avait fait « quelque chose » de plutôt « agréable ». Je ne vous raconte pas ma honte de ce débordement inexcusable pour lequel je plaide coupable alors que je n’ai aucune attirance sexuelle envers celle que je considère comme ma fille. Reste que la question se pose : ai-je implanté la graine du plaisir de la fessée en une seconde ? Ai-je réveillé quelque chose qui était déjà en elle ? Ou ne suis-je qu’un prétexte pour qu’elle avoue quelque chose dont elle était déjà consciente mais qu’elle utilise pour se déculpabiliser ? Donc, si on estime qu’une simple image peut marquer, qu’un simple geste peut donner des vocations, imaginez les dégâts à long terme qu’un PN peut occasionner ou même un viol qui est un brasier qui empêche toute analyse ultérieure. Rien ne dit que s’il n’y avait pas viol, la victime ne se serait pas tournée vers le BDSM ou tout forme plus vanille épicée de claquage de cul en levrette. Ou même n’importe quel autre fétichisme. Ce qui est sûr c’est que le viol marque l’âme au fer rouge. Et que ma théorie est qu’il est inutile de faire comme s’il n’existait pas. La proposition que j’ai faite à Gwen n’est pas de réparer, d’oublier le viol mais d’en prendre la sensation positive en écartant la négative. Quelque part d’en prendre le contrôle en le reconnaissant comme une envie, un fétichisme. Au final, la seule vraie différence qu’il peut y avoir dans certains cas entre le viol et une action BDSM, est que dans le BDSM on choisit son bourreau. Mais ce bourreau doit agir avec bienveillance. Je sais que mes propos peuvent choquer et permettez-moi de les expliquer. Il y a de réelles différences entre la réalité d’un viol, d’un harcèlement, d’une humiliation et le vécu du BDSM. Tout d’abord, il y a le consentement bien sûr. Mais on sait qu’il existe le CNC, le Consentement de Non Consentement. C’est le moyen pour la soumise d’avoir des sensations fortes proches du réel. Cela ne veut pas dire que c’est une autorisation pour le dom de faire n’importe quoi. Cela ne veut pas dire que le BDSM est fake non plus. Mais nous parlons là d’imiter le dépassement de consentement qui doit se faire souvent par petite touche. Créant ainsi l’envie et la faim d’aller plus loin dans le relâchement, le lâcher prise. Après le consentement, il y a surtout ce que je mets en avant : la confiance. La confiance n’excluant pas les erreurs du dom mais qui est pour moi la condition sine qua non d’un bon relationnel. Et enfin, le débrief, l’after care permettant de rendre son humanité, son intégrité à la soumise. Le but final étant de jouir, mais surtout de se sentir apaisée, déchargée d’un fardeau, de stress. Et j’ai des exemples sur lesquels je pose mes théories. Des femmes ayant subis des viols et désirant en mode BDSM revivre des scénarios de simulation de viols. Beaucoup de limites qui paraissaient infranchissables deviennent des incontournables. A l’instar de ma soumise qui a besoin de se faire étrangler pour passer en mode soumise alors que c’était un grand « niet comrad » sur la checklist. D’autres femmes qui se transforment en superhéroïne de la servilité dès qu’elles reçoivent une claque au visage. Ainsi une personne en recherche d’une forme de réparation ou de maîtrise de ses traumas au travers du BDSM n’est pas malade. Au contraire, en ayant accès aux éléments déclencheurs, et jouer sur la force d’application. On saute dans le vide mais avec un élastique. Alors que d’autres fétichistes ne connaissent pas l’origine de leur envie. Comme moi qui fait semblant d’être un gentil dom alors que j’ose à peine reconnaître que je me repais, comme un vampire, des perditions de Gwen et qui me donne ce domspace de toute puissance dont j’ai honte après. Concernant les origines des fétichismes, il est parfois difficile, voire impossible de trouver l’élément déclencheur ou l’origine. J’ai souvenir d’une femme magnifique connue en mode libertinage que j’ai perdu de vue car j’étais parti à l’étranger. En revenant, quelques années plus tard, j’ai repris contact avec elle et en moins de deux minutes, s’est épanchée sur son besoin d’être prise par un chien. Et c’est avec force de détails que j’ai appris le comment, ou et avec qui et les sensations de la zoophilie en tant que receveuse. J’ai eu le mode d’emploi complet en moins de 15 mn et j’étais estomaqué. A l’époque j’étais encore loin d’aborder le BDSM au travers des fétichismes mais j’ai eu la bonne idée de ne pas juger et de rester curieux. A la question bête « d’où t’est venu cette idée ? » sa réponse fut qu’elle avait envie de se sentir chienne, d’être prise fortement, en forêt de surcroît. Quelques temps plus tard quand mon BDSM s’affirmait j’ai repris contact avec elle. Elle avait changé complètement en ne souhaitant même rien n’évoquer, même pas le libertinage. C’était derrière elle. Je n’ai donc pas pu rechercher les origines de cette envie particulière. Tout le monde devrait se questionner sur ses envies. Est-ce apparu de manière viscérale et inconsciente ou imprimé par une image de jeunesse ou une démarche de recherche de sensations extrêmes ? A partir de l’aspect obscur des origines mentales des envies de BDSM, on s’aperçoit que n’importe qui peut arriver par divers chemins à trouver son plaisir, son accomplissement personnel. Avec des précautions comme toute pratique d’ailleurs. Mais est-ce pour autant qu’il ne faille point enquêter, fouiller, chercher et analyser les causes de nos envies pour mieux les appréhender, en jouir et évoluer ? Je ne comprends toujours pas pourquoi beaucoup se contentent de « Fais-moi mal Johnny johnny, moi j’aime l’amour qui fait boum » sans s’inquiéter des origines et/ou des implications. Suis-je le seul à m’intéresser aux fleurs du mal ? En conclusion, je vais jouer au dom cultivé, en offrant à toutes les soumises débutantes, un petit bouquet de citations qui vont vous faire croire que, décidément, ce mec (moi) est formidable. C'est ainsi qu'un amant dont l'ardeur est extrême aime jusqu'aux défauts des personnes qu'il aime. Molière Un remords vaut mieux qu'une hésitation qui se prolonge. Henry De Montherlant Ethan Dom illustration : Vampire Kiss de Boris Valejo 1979
1 Commentaire
:)
11/7/2021 16:17:54
J'avoue avoir lu l'article en diagonale mais simplement, en réponse à l'introduction : il suffit en fait de ne pas être dans un processus "à tous les râteliers".
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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