![]() C’est comme tout, il y a les bons et les mauvais dominants. Alors, il y a le mauvais dominant. Il voit la soumise, il vise, il frappe. Ça c’est le mauvais dominant on le reconnaît facilement. Tandis que le bon dominant, c’est différent : il voit la soumise…il vise…et il frappe. C’est différent. Après le consentement et en plus de la confiance que l’on doit obtenir de la soumise, il y a aussi une éthique que nous devrions suivre. Une charte qui n’existe pas et qui pourtant n’est pas éloignée de celle de la vie réelle. Enfin la vie réelle « théorique » car dans la vie de tous les jours on subit notre lot d’impolitesse et de manipulation. Mais, bon, dans l’ensemble on essaye de suivre un truc du genre « liberté, égalité, fraternité ». Devise qui a quand même plus de gueule que « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! » de Cuba ou « En Dieu nous croyons » des Etats Unis ou la vichyste « amour, famille, patrie ». Et plus difficile à appliquer tous les jours le « L'étoile est la clef de l'océan Indien » Mauricien. Reste une devise qui pourrait coller au BDSM, c’est celle de Trinité & Tobago « Discipline, Production, Tolérance » en changeant production par confiance (non, pas consentement). Tiens, je viens de faire une digression, ça change. Tout ça pour dire que nous devons faire évoluer avec bienveillance la personne qui nous confie son obéissance. Même si on parle « d’échange de pouvoir », il n’y a pas de supériorité omnipotente mais une COMPLEMENTARITE. L’un, ou l’une, offre son obéissance sans restriction dans les limites consenties (ou celles dépassables) et celles absolues de la dignité humaine. De l’autre côté, on doit être à la hauteur de l’éducation, des objectifs et des besoins de la soumise. Cela me parait évident mais j’ai pu m’apercevoir dans mes échanges épistolaires que ce n’était pas évident dans l’esprit des soumises en herbe et surtout des pauvres mecs qui pensent être dominants.
Pour certains (et certaines), un ordre est un ordre. Aussi fantaisiste soit-il, aussi dur et incongru qu’il puisse être. Le maître est le maître, la soumise doit obéir. Point. Alors, c’est à la fois vrai et une monumentale erreur. On peut dire qu’une soumise doit se plier dans l’instant à un ordre quel qu’il soit quand le couple est arrivé à un certain niveau, voire un niveau certain. C’est-à-dire avec beaucoup d’expérience et un relation forte. Car, dans ce cas, on peut estimer que la compréhension et le besoin mutuel permet ce type d’échange. C’est au-dessus du consentement. C’est aussi ce qu’on retrouve dans la notion d’esclavage consentie. Par contre, les ordres impérieux sans explication (avant ou après) surtout en début de relation et encore plus avec un ou une débutante sont vraiment à proscrire. On compte souvent sur l’inexpérience pour faire passer des caprices et des désirs libidineux sans penser à l’autre. Quand on fige quelqu’un dans l’inconnu en faisant semblant de savoir mieux que l’autre, on évite de donner des éléments qui permettent de savoir si l’on consent ou pas à une telle action. Je me souviens d’une soumise en pleine emprise mentale et virtuelle qui avait pour seule instruction quotidienne de se mettre à genoux sur une règle pendant 30 minutes. Les autres désirs virtuels à remplir d’ailleurs étaient de l’ordre de la douleur et de recevoir des insultes. Inutile de dire que nous avions là un joli spécimen de pervers narcissique en herbe qui était lui-même mentoré par un vieil abruti qui se disait maître depuis plusieurs centaines d’années. A l’époque il m’a fallu un peu de temps avant de couper l’emprise de ce débile et je me suis même frité avec lui sur un réseau social. C’était amusant, car connaissant les faiblesses des PN, je lui ai bien défoncé son ego. Reste que ces dangereux personnages multiplieront leur courroux sur la prochaine victime. Une de de perdue, 10 de torturées. Seules instructions que l’on répète, encore et toujours : prendre son temps, ne pas suivre le premier débile venu qui affiche un pédigrée ronflant. Vous pouvez d’ailleurs vous retourner vers ce texte et ce texte qui vous donnent des pistes sur le choix d’un bon dominant et comment éviter les pièges. Dans la série des mauvais dominants. Dernièrement encore, une très belle plante se trouvait malheureuse avec les instructions de son maître. Son cadre était bien trop contraignant. « Chaque matin, mon Maître me demande de me goder et re-goder et re-re-goder... aussi je dois me fesser ou me donner X coups de paddle sur chaque fesse, lui montrer ma chatte, puis mon cul, ainsi et ainsi, prendre une position pendant 30 minutes, etc. et je filme tout ça et lui envoie tout ça. Il faut sectionner les vidéos, etc. ça prend du temps... et puis, pas tous les matins, il me demande de copier 100x une phrase, etc… Les 30 minutes de position face au mur étaient un devoir. Tout comme les 100x copier une phrase le soir, phrase qu’il me donnait en fin de journée, parfois tard. » Certains d’entre vous n’y voit rien à redire, d’autres vont rétorquer que c’est là de la petite bière par rapport à ce qu’ils ont vu dans les cercles spécifiques. Et je suis en désaccord. Premièrement la soumise doit y trouver une forme de plaisir, mais surtout un sentiment de protection et non d’enfermement. Et surtout la notion de progression est nécessaire même si c’est dans la discipline. J’aime rapprocher le D/s aux arts martiaux. On doit le respect à son senseï, on ne remet pas en question son autorité, on répète inlassablement les même gestes pour améliorer sa mémoire musculaire et les exercices d’assouplissements corrects se font dans la douleur. Mais au final on voit son corps s’améliorer et son esprit s’aiguiser. On devient plus sûr de soi, zen et en contact avec son environnement. Quand une soumise est dans la douleur et/ou l’attente, que la discipline n’a aucun sens et qu’elle s’étiole c’est bien qu’il y a un problème quelques part. Exercer son autorité sans objectif ni explication est de la mauvaise domination. Alors, bémol encore, certaines soumises aguerries ont besoin d’une main de fer parce qu’elles ont leur propre cheminement, une soif, une envie de domination très fort. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde et un bon dominant est celui qui s’est faire avancer sa soumise selon ses besoins à elle. Dans le cas précédemment cité ce n’est pas que le maître en question fusse que PN mais il était fasciné par la plastique et la sensualité de la soumise en question et il agissait par peur de la perdre avec une jalousie préventive. Il faut accepter l’axiome : il n’y a que la liberté de choix qui permette à quelqu’un de signifier son appartenance. Non seulement les ordres qu’il donnait étaient désordonnés et surtout sans justification mais le plus grave c’était le manque de respect des besoins autres que BDSM de la personne qui montait son projet professionnel et qui avait besoin de temps. L’objectif d’une relation BDSM est qu’elle soit EPANOUISSANTE. Et donc motivante. En aucun cas, nous n’avons le droit d’emprisonner mentalement, décourager ou empêcher une personne d’avancer dans la vie. Afin d’être clair, voici quelques précisions concernant les actions et les mots de vocabulaire que j’utilise. Pour résumer :
N'oubliez pas : c’est en dominant n’importe comment qu’on reste un gros con frustré. La réciproque féminine est presque la même : une mauvaise domina est avant tout le miroir déformé d’un patriarcat rétrograde. Dans l’autre sens existe-il un type de dominant parfait ? Evidemment non. Personne n’est à l’abri d’une erreur, moi le premier. Je dirais même que je suis un clébard comme beaucoup. (sauf que moi j’ai intellectualisé le clébardisme ;) ). Mais qui n’a jamais fait le geste de trop, le fantasme forcé, l’insulte trop forte, la tentation d’utiliser notre pouvoir pour dépasser le consentement, la persuasion un peu trop forte pour obtenir une faveur ? Et je vais même aller plus loin : quelque fois les bonnes intentions n’excusent pas toujours les mauvaises actions. Bref, il m’est arrivé d’oublier ma soumise au bénéfice de mon plaisir. Donc tous pêcheurs ayant abusé de leur pouvoir…Oui. Mais la véritable erreur c’est surtout de ne pas tirer les leçons des erreurs et de perdurer dans la mauvaise attitude. Se tromper d’accord mais il faut savoir en tirer la leçon et évoluer. Ensuite être un dominant n’est pas facile non plus. Tout d’abord, nous portons avec vous ad vitam eternam la responsabilité d’acte qui peuvent nous être reproché pendant très longtemps. Face à la bien-pensante justice, chaque dominant peut se retrouver jugé coupable. Et surtout face à ses pairs où le discrédit peut vous faire disparaitre. Une soumise, ou un soumis, peut, des années plus tard, décider que malgré qu’il ait donné son consentement au moment de l’action que c’était un moment de sa vie où il était perdu et qu’on a abusé de lui ou elle. C’est l’épée de Damoclès, ou le pendule Edgar Allan Poe, qui est au-dessus de nous en permanence. Faut-il donc pour autant devenir des couards et ne plus oser rien faire ? Bien évidemment que non. Au contraire. Il faut penser nos actions, les expliquer et les revendiquer. Je suis dominant, je le fais en mon âme et conscience. Je peux faire des erreurs mais je réfléchis à mes actions, je progresse. J’agis en ayant conscience de plusieurs choses :
Alors c’est quoi le bon dominant ? C’est celui qui fait les choses sérieusement sans se prendre au sérieux. On élimine l’ego de la soumise mais le bon dominant se doit de pas être l’objet de son propre ego. On est avant tout maître de soi avant de maitriser l’autre. Et pour cette dernière partie, je vais évoquer un aspect que j’ai découvert il y a peu de temps sur moi. Et peut-être que cela peut servir à d’autres. Petit à petit, j’ai accumulé des échecs avec ma soumise qui s’évertuait à rester dans une attitude rebelle. J’avais cette réflexion à son attention : pourquoi me tenir tête constamment ? Si son aspiration est d’être soumise, pourquoi se rebeller de plus en plus souvent ? Puis, je me suis aperçu que moi-même j’avais déserté mon statut de maître. Non seulement par mes soucis de santé mais aussi parce qu’étais dans le déni de mes revers en tant que maître. Dernièrement je me suis aperçu que je manquais de modestie et qu’il était temps de recommencer à zéro. J’ai ainsi pris conseil auprès de pairs, domina, dominants et soumises. Je m’efforce de les écouter et d’appliquer des conseils qui peuvent être incongrus quelquefois. L’essentiel étant qu’à mon tour, j’ai été mangé par mon ego. Et, en fait, les actes de rébellion de ma soumise ne sont que les avertissements que je m’éloignais de mes propres principes. Ainsi je reprends l’éducation de ma soumise comme si c’était le premier jour. Mon dernier rappel est donc : rien n’est jamais acquis. Restons vigilant sur nous-même. La bonne volonté ne suffit pas. … Les soumis et les soumises ne sont pas roses non plus. Il y a les bonnes et les mauvaises soumises. La bonne soumise. Elle voit le dominant, elle met le collier et elle obéit. La mauvaise soumise. Elle voit le dominant, elle voit le collier. Et elle commence à penser qu’il aurait pu acheter un cuir de meilleure qualité ou une boucle plus sympa et combien il a couté et est-ce qu’il a déjà été porté et au final un collier en métal c’est pas plus classe ? Plus sérieusement, s’il y a un rappel à faire aux soumis et soumises : Vous devez aussi nourrir la relation autrement que par l’obéissance. Il faut aussi s’évaluer, voir ses propres progrès et ses objectifs. Il y a une démarche personnelle qui ne se fait pas que par l’intermédiaire du maître. C’est à la fois une fierté mais aussi un recherche continue de s’épanouir et évoluer. Quelque part, la soumise est le miroir de son maître. Si la soumise déraille c’est qu’il a un soucis. Mais, comme la chat qui reste dans nos jambes, si vous agissez mal, vous pouvez aussi le faire trébucher. La complémentarité est un échange qui va dans les deux sens. Purée quelle conclusion bateau. On se croirait sur femme actuelle. Quoi que j’apprécie beaucoup leurs recettes de cuisine. Ethan Illustration : sketch de Les Inconnus.
1 Commentaire
10/4/2022 08:46:11
Article très intéressant et très juste.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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