![]() Je considère les libertins comme des cousins. Mais ce genre de cousins que l’on croise une fois par an et dont on se dit qu’il y a quand même des personnes étranges dans la famille. Ceux qui mangent de la salade au dessert par exemple. Ou ceux qui ne disent ni chocolatine, ni pain au chocolat mais un truc du genre couque au choc. Ceux qui te demandent si tu as une bonne vieille clé à sardine pour compresser leur tube de dentifrice. Ceux qui lacent leurs chaussures avec un nœud oreille de lapin mais qu’ils appellent ça un nœud de Mickey parce que leur arrière-grand-père, spéléologue helvète fribourgeois, leur a appris comme ça quand ils avaient 3 ans. Bref, des gens gentils mais qui ne paraitraient pas différents s’ils avaient 4 yeux et parlaient alien en se léchant les sourcils avec la langue. Et, en fait, je suis conscient que c’est moi qui suis ce cousin étrange. Dans une discussion de libertin, nous sommes de ceux qui disent que ce n’est pas la femme qui décide mais le dominant ou la dominante. Ceux qui affirment que le plaisir peut venir de la contrainte, de la douleur, de l’obéissance ou d’autres choses aussi bizarres et bigarrées que la cire chaude de bougie froide, l’humiliation objetifiée et l’asphyxie par gorge profonde ou masque à gaz. Bref, oui, je sais que nous sommes un peu la famille Adams qui débarque dans une soirée bingo du troisième age. Et donc nous sommes là, au club libertin Le Cléo, en Savoie, en train de deviser dans la partie fumeurs extérieure avec d’autres libertins. Je ne fume plus et si j’autorise Gwen à vaper c’est surtout pour faire connaissance avec les cousins. Seul endroit pas trop bruyant. Parce le Cléo est formidable mais il garde des racines “discothèquaine”, avec un vrai DJ, une vraie piste de danse et des décibels qui couvrent les orgasmes les plus forts mais aussi les conversations les plus conviviales. Donc il est difficile de faire connaissance quand on a 55 ans, que l’on est un peu chauve et bedonnant. Mon charme opère plus quand je peux m’exprimer et tenter de faire briller mon cerveau face à des personnes qui sont encore accrochées à l’apparence pour se donner envie. Et je compte donc sur Gwen avec son côté face, mignonne, timide et pigeonnant ainsi que son côté pile, callipyge et exhibe.
Bref les diverses conversations sont enjouées et instructives. Ici un couple dont l’homme est candauliste et qui a donné rendez-vous à un homme seul pour que ce dernier et sa femme baisent devant lui. J’en profite pour lui dire que je comprends tout à fait sa fascination. J’ai appris à accepter et j’adore voir ma soumise se plier à des fellations sur autrui. Là un couple qui se dit débutant, c’est-à-dire pas échangistes, ni même pas trop mélangistes mais que l’on croisera plusieurs fois en train de baiser tous les deux dans divers endroits. Pas échangistes mais bien exhibitionnistes quand même. Un troisième couple que l’on croisera plusieurs fois, très ouvert, mais qu’on ne verra pas agir sexuellement. Ils m’ont donné l’impression de seulement faire des allers-retours entre le bar et le fumoir. Passer un bon moment c’est aussi cela. Et beaucoup de personnes d’une certaine maturité préfèrent sortir en club libertin pour y ressentir les plaisirs des night-clubs d’autrefois, la sécurité en plus. Ceux dont la femme porte un collier mais “c’est purement esthétique, on n’est pas…50 bidules”. Et enfin, petit à petit, on commence à mettre à jour un vrai couple BDSM avec l’homme qui se balade avec un martinet artisanal de bonne facture. Et un couple de sexfriends dont lui est un libertin dès plus classique et elle une férue de BDSM switch bisexuelle tatouée. Plusieurs constatations : il y a autant de styles de libertins qu’il y a de libertins. Et les étiquettes existantes sont presque insuffisantes pour les qualifier dans leurs envies. Beaucoup de respect entre les personnes, de joie et de convivialité. Et ça baise correctement dans tous les coins. Mais il faut vraiment demander ce qu’ils ont en tête. Ensuite, comme d’habitude, en débarquant sans connaitre personne, nous n’avons pas eu de proposition libertine directe. Par contre, ayant réussi à mener la conversation sur notre spécificité, j’ai pu entrainer deux couples à observer Gwen se soumettre sur une croix de saint André. Tous les clubs en ont au moins une. Et comme d’habitude, cette croix est trop grande, les attaches inutiles et le recul insuffisant mais cela offre un espace dédié pour ceux qui veulent jouer un peu. Petite attention sympathique : un martinet en daim et une cravache double clapet sont en libre-service. Malheureusement ils sont reliés à une chaine pour éviter qu’ils disparaissent et empêchent de s’en servir correctement. Le dom du couple rencontré et qui nous a suivis me tend gentiment son martinet. Sa soumise est en train de le sucer. L’ambiance commence à chauffer. Le couple de sexfriend n’est pas loin et observe. Ils ne s’approchent pas trop car un caméraman est présent et nous demande s’il peut filmer. Sur la condition de floutage je commence la mini séance. Un bandeau sur les yeux, spot de caméra sur elle, Gwen m’obéit et enlève sa culotte puis se met en place sur la croix. Elle se cambre et expose son magnifique fessier. Avec le peu de place que j’ai, je tente autant que faire se peut de chauffer la peau de Gwen. Je teste aussi les outils prêtés par le club. La cravache est sympathique et je me dis que je dois faire l’acquisition d’un double clapet large. Le caméraman s’en va et le couple de sexfriends s’approche pour apprécier le spectacle de la croupe rougie de Gwen. Je fais la démonstration de la simple fessée et prête les fesses de ma soumise pour que le libertin puisse tester sa première claque de type BDSM. Il remercie gentiment et s’éloigne pour une raison mystérieuse. Sa compagne d’un soir, switch, reste près de nous. Une couple d’inconnus vient joyeusement apprécier aussi le spectacle. Je reprends la séance alternant martinet, fessée, cravache et caresses. Bien sûr Gwen commence à mouiller grandement et j’invite notre nouvelle amie à vérifier par elle-même. Elle demande le consentement affirmatif à Gwen et glisse doucement quelques doigts sur sa jolie fente et confirme que oui elle est très mouillée. Je n’oserai pas proposer plus à cette jeune femme ne sachant pas ce à quoi elle aspire : fouetter ou être fouettée. Mais l’échange est convivial voire joyeux. De toute façon le côté exigu de cette alcôve ne permet pas de faire beaucoup plus de choses. Nous retournons prendre à boire et nous ferons encore quelques allers-retours entre le fumoir et les coins câlins. Ce sont des moments gentillets mais quand même grisants. Oui, on s’observe un peu en chien de faïence mais on a quand même un sentiment de liberté. Pas de jugement, juste des regards curieux sur les libations d’autrui. Observations de cette soirée : - C’est en rencontrant les humains que l’on évolue, que l’on apprend et que l’on vit plus fort. Rien ne vaut le réel. - Les cousins libertins sont presque comme les vanilles. Certains ne connaissent rien à notre monde et ont les mêmes aprioris que les vanilles. Mais le dialogue est ouvert et enrichissant. - Les pratiquants BDSM, comme nous, sortent en club et on arrive à se reconnaitre sans trop de difficultés. Reste que, là aussi, nos façons de faire peuvent être différentes. Nous sommes fatigués et décidons de partir. Sur le chemin de la sortie nous croiserons le couple BDSM dont l’homme fouettait vigoureusement la croupe et les cuisses de la masochiste (c’est ainsi qu’elle aime à se définir). Nous croiserons d’autres couples avec qui nous avons discuté et qui nous diront un “déjà ?” amical. Le Cléo, plus vieux club libertin de Savoie, est très bien tenu même si on trouve encore les vestiges décoratifs d’une autre époque. Inutile de dire que l’endroit est très propre. Cela semble être le minimum vital de tout établissement qui se respecte. Leurs règles sont strictes et c’est rassurant. Le personnel est sympathique et attentif. Très bon accueil pour les nouveaux que nous fûmes. Nous avons visité les libertins et pour une fois cela ne s’est pas terminé en bizarrerie comme ce fut le cas auparavant. Mais eux se sont-ils dit “Ils sont quand même bizarres ces cousins”. Ethan
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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