![]() Je suis désolé d’avance pour le côté doctoral que peut avoir ce texte. Il manque certainement d’un peu de verve et de cœur. Je jette ici les bases de ma vision BDSM élargie dans une approche intellectuelle. Mon but est baliser le terrain dont je m’aperçois qu’il a peu de limites. Introduction : Ma vision de la domination se pose sur 4 axes que j’ai nommé : évolution, pratique, sentiments et humanisme. Chaque axe découle et est lié aux autres. Chacun correspond aussi à des concepts élémentaires : évolution au mental, la pratique au corps, les sentiments au cœur et l’humanisme à la philosophie de vie. Pour l’aspect ludique, je rapproche aussi ces aspects aux quatre éléments : air (humanisme, philosophie), eau (mental, évolution), terre (jeu, pratique, corps), et feu (sentiment, cœur). Pour ouvrir une parenthèse ésotérique : le cinquième élément : le vide, l’éther, est considéré comme existant et peut être comparé au subspace ou à la sérénité. Les 4 idées force permettant : complicité, appartenance mutuelle, amour, plaisir. Le résultat est : liberté, force, bienveillance, autonomie, sérénité. Mon credo : protection, bienveillance, imagination, fusion, écoute et compréhension. ![]() 1) L’évolution Il y a l’évolution psychologique, philosophique et physique. Ainsi, l’évolution se vit au travers des autres thèmes pour boucler un cercle vertueux qui se nourrit de lui-même. a) Évolution psychologique : pour moi, la genèse de l’envie de bdsm est importante. Pourquoi avoir envie d’être soumise ? D’où vient cette fantasmagorie ? Il est évident que pour quelques-unes, c’est une envie naturelle. Pour d’autres, elle prend racine dans des traumatismes. Les deux ne sont pas forcément lié dans l’esprit et la philosophie, mais des événements traumatiques créent des liens de cause à effet. Ainsi, l’évolution est d’abord un questionnement et peut nécessiter des réparations. Ces réparations, souvent sous forme de régression, de discussions et d’exercices, permettent de nettoyer autant que faire se peut le traumatisme et surtout de le dissocier de la vie bdsm. Nos « perversions » sont souvent naturelles (voyeurisme par exemple) mais aussi poussées par notre histoire et le joug social. L’envie de viol par exemple est typique : avant d’accepter d’avoir envie de cela, il faut le dissocier d’un viol réel ce qui permet de s’y plonger pour rencontrer ses peurs, sentir le frétillement d’une excitation venue d’ailleurs. On touche à des parties que l’on peut considérer comme obscures de prime abord. Alors qu’elles ne le sont pas. L’acceptation de soi permettant le contrôle et ainsi de toucher sa pureté existentielle. Ces réparations ne sont jamais complètes. On n’efface pas le passé. Mais on peut certainement se mettre en paix avec lui. Et si des « retours de flamme » arrivent, leur impact sera minime. Ainsi déconstruite, on peut embrasser sa fantasmagorie et ses envies de manière pure. L’évolution psychologique c’est aussi lister ses envies, de les discuter une à une et de trouver leur sens tout en les sublimant pour les vivre complètement. b) L’évolution philosophique se construit dès le début et se travaille au quotidien. Le bdsm est pour moi une philosophie humaniste, ouverte envers son prochain. On ne juge pas les autres car on a accepté ses propres démons. Elle est exigeante car on se plie à une discipline qui forge le corps et l’esprit. Ainsi on découvre des « vérités » en s’apercevant que notre corps peut à la fois aller très loin et aussi qu’il n’est qu’une enveloppe. Il procure du plaisir, on doit en prendre soin. Ma philosophie est aussi libertaire (non pas anarchiste). Elle refuse les dogmes. J'aurais l'occasion de m'exprimer plus avant sur cela. On peut déjà trouver des indices sur mon billet concernant l'histoire du BDSM. C) L’évolution physique : la gestion de la douleur, des contraintes. On évolue par la force de notre esprit, par le lâcher-prise, par l’acceptation de transformer la douleur en plaisir. Le corps est notre vaisseau, nous le maîtrisons, le façonnons et il nous offre satisfaction et bonne santé. Ainsi pour moi, le marquage définitif est à proscrire. La sécurité est importante. Je prends exemple de la dilatation anale qui peut être vue comme un sport et qui procure des sensations extrêmes. Aussi bon que cela puisse être, je suis plutôt pour ne pas dépasser des limites. Et, en tout cas, pour le pratiquer, il est nécessaire dans ce cas de faire une gymnastique particulière pour renforcer les muscles. Pour résumer : peut être qu’il vaut mieux ne pas dépasser certaines limites selon les capacités de chacun afin de préserver son capital santé quitte à ce que certains plaisirs soient interdits. Mais il y a une grande marge de progression. Des objectifs physiques sont une des bornes faciles à déterminer qui permettent de juger objectivement la progression sans que cela soit la priorité (l'évolution psychologique étant lus importante à mon sens). ![]() 2) Pratique ou jeu. Je nomme « jeu » toutes les actions physiques liées au bdsm. Jeu, parce que je ne suis pas sadique et que pour moi chaque séance doit se terminer par une jouissance puis la sérénité. Quelques séances, dîtes « blanches », ne se concrétisent par des libations sexuelles ou une jouissance, mais dans ce cas je les vois comme une préparation dont le but sera la jouissance à posteriori. Jouir, aimer sont les piliers de mes pratiques. Car j’aime le sexe et les perversions qui s’y rattachent et parce qu’ils sont l’essence de ma réceptivité et de mon empathie. Les jeux sont des moyens d’évolution psychologique (et donc philosophique) mais aussi de fusion avec l’autre. Je ne me considère pas comme sadique. Je ressens une sensation de pouvoir mais je n’ai aucun plaisir direct à asséner la douleur. La sensation me revient par l’écho de cellle de ma soumise. Les pratiques à impact ne sont pour moi qu’un moyen de faire progresser, donner des sensations intenses et permettre à la soumise d’atteindre un nirvana que certains nomment subspace. Mais ce n’est pas parce que je n’ai pas de plaisir direct à infliger la douleur que je le fais mal. Au contraire. Je veux être précis techniquement, sensible aux réactions de mes actions. Mes pratiques sont ouvertes, mais pas sans limite. J’aime à m’adapter aux envies de ma soumise et y ajouter les miennes. Je n’ai pas pour politique de forcer une pratique dont la soumise n’aurait absolument pas envie. Mais j’aurais à cœur de lui faire découvrir celles pour lesquelles elle nourrit des peurs ou une certaine réticence. Ce que je n’apprécie pas : scatophilie, urophilie, zoophilie…J’en oublie certainement. Je n’apprécie pas faire sentir l’humiliation. À un certain degré, les insultes, des positions très exhibitionnistes peuvent être perçu comme une forme d’humiliation. Mais dans mon esprit, je ne veux pas humilier l’être humain qui se trouve dans la soumise. Je proscris ainsi toute forme d’injustice morale. Mon point d'honneur est de rendre, voire sublimer, l'intégrité mentale et morale à ma soumise en fin de séance. Je ne suis pas un spécialiste du shibari mais j’aspire à l’apprendre plus avant. Je n’ai pas d’attrait pour le sang ou les aiguilles même si j’apprécie l’aspect visuel. Sinon : cravache, badine, fouet, plug, sextoys, bougies, menottes et entraves, bandeau, gifle, fessée, exhibition,… Bien sur. Le libertinage peut faire parti des pratiques quand la confiance mutuelle est scellée. La aussi les possibilités sont multiples quand elles sont bordées par la notion d’appartenance réciproque. Je n’ai peut-être pas expliqué le terme jeu. Je précise même « jeu sérieux ». Car ce ne sont que des moyens pour avancer, passer du bon temps par une action par laquelle j’exerce la possession. La domination est pour moi psychologique. Les actions qui en découlent ne sont que des moyens de mise en œuvre. Certes intenses et intéressantes mais ludiques. ![]() 3) Les sentiments. Ils sont essentiels pour moi, mais peuvent certainement être perçus à divers degrés. Le minimum dont j’ai besoin est de ressentir du respect pour la personne. Voire un intérêt particulier qui fait sortir la soumise du lot. Je n’oublie jamais que “l’autre” est un être humain, mon égal dans l’espèce. Même si des rôles sont attribués (dominant et soumise) permettant les jeux, les sentiments sont naturels et importants dans la relation avec l’autre. Je dirais que plus j’aime, meilleur dominant je suis. Cela se met en opposition à ceux qui pense le BDSM de manière distanciée (comme un docteur avec son patient). Ce n’est pas mon cas, je me vois qu'en être passionné qui utilise son intellect comme moyen supplémentaire de pratiquer. Je précise que je n’ai contre ceux qui mettent ostensiblement de côté les sentiments amoureux de la relation BDSM. J’aimerais presque pouvoir le faire pour ne pas tomber quelquefois dans le pathos. Mais je suis fait comme cela. C'est aussi le moteur de mon empathie. Mon Graal est l’Amour comme fil rouge de ma relation avec ma soumise. Un Amour sublimé par la notion d’appartenance et le bdsm. Mais un amour qui peut aussi se contenter de petit-déjeuner, de discussion simple en dehors du bdsm, de promenades, de fous rires et de câlins. Les aspects de la vie vanille en quelque sorte. Comme l'a si bien définit quelqu'un cher à mon coeur, je suis un pervers romantique. ![]() 4) L’humanisme. C’est une philosophie à laquelle j’adhère : liberté ou libre arbitre, tolérance, indépendance, ouverture, curiosité, équité. J’y ajouterais une forme de petitesse sur l’essence de l’homme face à la Nature et sa propre nature. L’humanisme de la Renaissance rejette le surnaturel et se mettait en opposition à la religion. Sans être religieux, j’ajoute à l’humanisme une dimension spirituelle. Nous ne maîtrisons pas tout, ne connaissons pas tout. L’acceptation du mystère de la vie reste importante. Je rapproche donc mon humanisme de celle bouddhique : ne pas faire de mal aux être vivants. Il n’y a pas de paradoxe par rapport à la pratique BDSM. Faire revivre des traumatismes ou avoir des pratiques à impact peut être vue comme humaniste si l’on considère que ce sont des moyens de se discipliner, d’évoluer, de se réconcilier avec soi, de ne faire qu’un avec son corps et avec l’autre. Donc mon humaniste est un but d’atteindre un état de conscience supérieur personnel, mais aussi de relation bienveillante avec les autres. Il ya aussi un côté libertaire, plus social, qui aime mettre en doute les dogmes comme je l'ai exprimé plus haut. CONCLUSION : Je viens à peine d’effleurer la surface de “mon” bdsm. Il me reste à évoquer mon rôle de dominant. C’est un tout : un protecteur, un mentor, un conseiller, un psychologue, un senseï, un ami et un amant. Je ne veux pas imposer ma façon de voir à d’autres. Je la formalise ici justement pour réfléchir et ouvrir au débat. Le but ultime, et le seul point de mire, est le bien-être de la soumise. Le bien-être ne veut pas dire qu’elle doit se sentir à l’aise tout le temps. Mais c’est une question d’équilibre. Plus elle affronte ses peurs, plus elle supporte la douleur, mieux elle obéit, elle acquiert l’équilibre dans la jouissance, la tranquillité d’esprit et le lâcher-prise. L’évolution se fait à deux. La soumise évolue sous la férule de son dominant. Mais ce dernier s’adapte, réfléchit et évolue aussi. A la fois personnellement, mais aussi en conjonction avec sa soumise rêvée. Le bdsm est pour moi autant une suite de pratiques pour évoluer que pour fusionner avec l’être aimé mais aussi de multiplier les plaisirs. Ce panel large est d’autant des moyens de tisser des liens avec la soumise que rendre les choses originales, attrayantes, passionnantes. ADDENDUM : bien sur, il manque beaucoup de choses dans la description de ma vision du bdsm. Certains incontournables sont : la verbalisation des envies, des scénarios à deux, le débrief, des punitions appropriées, des exercices compréhensibles, des défis ludiques, des exercices avec des objectifs..Autant de sujets sur lesquels je reviendrais. Ethan Illustration : Ethan Dom
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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