Mortuus soliculus

Il y a des mois, mon univers en a croisé un autre. Différent et complémentaire. Magnifique, unique. En fusionnant je me suis transformé en soleil dans ce nouveau cosmos. Je resplendissais de mille feux, éclairant plusieurs âmes en une.

Ais-je consumé toute mon énergie ? Ou est-ce humain de se lasser même du paradis ?

J’ai été réduit à une comète virevoltante, visitant les tréfonds des trous noirs. J’ai traversé l’éther, explosé par le froid absolu. Ma présence a rapetissé et j’ai continué d’errer tentant de retrouver le chemin de la vie. J’y suis presque arrivé mais diminué par les épreuves, je n’étais plus qu’une météorite. La Terre en vue, je m’y suis précipité. L’espace d’un instant, j’ai brillé en me consumant.

Au final, je n’ai été qu’une étoile filante rayant le firmament puis s’écrasant. Peut être qu’une petite fille m’a vu et a sourit. Elle ignore qui je suis. Elle ne voit plus qu’un caillou calciné en plein désert.

La petite fille de cette univers m’a ramassé et mis sur une étagère. Dans sa collection. A côté de moi, des objets, des souvenirs de formes bigarrée. Des amis passent sans me reconnaître donnant l’impression d’avoir oublié jusqu’à mon existence.

J’ai été placé dans une poupée vaudou et ces derniers temps la petite fille y plante quelques aiguilles croyant me faire plaisir…ou pour le sien.

Je ne suis plus à ma place dans cet univers, sur cette étagère. Je dois m’en extraire.

Un nouveau soleil brille et les âmes attirées par ce nouvel astre en oublient mon histoire, mon utilité passé.
 
J’ai été un soleil, un guerrier, un chevalier, un homme, un amant. J’ai été docteur, conteur et protecteur. J’ai combattu des démons. Peut être avec succès mais qui s’en souvient ?

Il n’y a pas de retraite pour les soldats dans cet univers qui ne vit que dans le présent.  Pas d’eden, ni de paradis. Pas de stèle, ni de monument. Il n’y a que des pierres anonymes.

Je dois quitter cet univers, quitter cette étagère.

Ethan

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