![]() J’ai une révélation qui va choquer ceux qui pensent être des GDD (Gentil Dominateur Débutant) : vous n’existez pas. Ou ne devriez pas exister. Il n’y a pas d’école du BDSM, pas de soumises qui apprennent à bien se faire flageller. Pas de maîtres qui vous prendront en apprentissage. Il n’y a pas de diplôme, d’adoubement, d’autorisation, de bénédiction. Je vous entends. Que dire des sessions de découverte de tout poil que l’on trouve par ci par là ? Malgré toute la bonne volonté des organisateurs dont le leitmotiv est la sécurité et le consentement, nous ne sommes pas loin de l’objet de consommation. Et qui dit consumérisme, dit « le client est roi » et normalisation. Dès que vous pensez en toute bonne foi qu’il faut commencer humblement par le biais d’une association, d’un club ou d’une initiation, vous vous plantez. Voilà pourquoi en 3 points. J’espère que ce sera assez concis. 1) Y’a pas dawan
On est dominant, ou on ne l’est pas. Point. Circulez. On peut imaginer qu’un/e soumis/e se révèle switch ou dominant. Mais en tout cas, oui, on se réveille dominant. C’est tout. On ne peut apprendre à transformer le fond de son âme. C’est une question d’instinct. Et pourtant on voit des “débutants” dominants débarquer sur les réseaux en quête d’une soumise conciliante. Comment pensez-vous que nous avons fait avant internet ? Cela va vous paraitre étonnant, je vous promets, il y avait des trucs bizarres qui s’appelaient “livres”. Et pas la collection Harlequin. De Sade à Réage en passant par Kant, Freud et Théodore Reik. On lisait, se positionnait par rapport à eux. On trouvait en nous cette capacité, cette philosophie. On réfléchissait et se découvrait avant tout. Seconde chose totalement incongrue : on communiquait avec sa compagne. Si. Et on arrivait à explorer les fantasmes de l’autre et à évoluer à deux. Etre dominant. C’est une question d’état d’esprit, pas de pratique. Un dominant n’est pas un fouetteur ou un fesseur. Un dominant a une emprise, un certain charisme. C’est tout. Vous pouvez toujours vous entraîner à moduler votre voix, donner des ordres ou copier les autres (le classique « enlève ta culotte au restaurant »). C’est le cœur qui parle. En ça, l’expérience ne joue pas. Je vais vous dire un secret. Peut être LE secret du bdsm, de la vie, de l’univers et tout le reste (42…Non, je plaisante) : il y a une bête au fond de vous. Il faut l’écouter, l’éveiller et la libérer. Personne ne le fera à votre place. Il faut être conscient de son ombre, accepter sa bête et l’éduquer pour qu’elle évite de faire ses besoins n’importe comment. L’introspection est un chemin qui se fait seul. Personne ne vous dira « là, tu vois, en bas à droite de ton cervelet, c’est ta bête. Donne lui de la soumise à manger 3 fois par jour ». 2) Watch & learn Oui, il y a des choses à apprendre mais qui sont du domaine de la sécurité avant tout. Par exemple : on ne fouette jamais au-dessus des fesses à cause des reins, on ne ligote pas les artères, les liens type cerflex sont à proscrire. Pas de marquages définitifs qui tombent sous le coup de la loi. La bougie se verse à un mètre du corps. Les glaçons ne s’utilisent pas plus de 10 mn....D’un point de vue général on s’entraîne seul. Fouet sur oreiller, cravache et ceinture sur coussin, etc…Et même : on essaie sur nous. Mais oui. Comment pensez-vous savoir doser ? Des choses qui tombent sous le sens et qui deviennent une règle d’or : la protection. Qu’est-ce qui pourrait faire croire qu’on cravache pour la première fois directement la peau nue d’une personne ? A part l’inconscience.... Quid du mentor ? Cela pourrait être une bonne idée. Une fois de plus, à priori, en voulant être modeste, blablabla… Sauf que la réalité : les mentors sont des vieux cons frustrés qui vont vous utiliser pour projeter leurs propres envies. Et quand ils sont bons, la soumise aura tendance à penser « envoyez moi plutôt celui qui donne les leçons que celui qui les reçoit ». Alors un pote avec qui on échange sur le sujet oui. Un mentor, non. Pire que tout, quand vous entendrez les mots « fraternités », « disciple », « confrérie », etc… : fuyez. Cours petit scarabée. Cours Forest. 3) To be choosen. On ne choisit pas sa soumise. Point. Certains diront que c’est la soumise qui choisit son dominant, ce qui n’est pas faux. Mais j’aime à penser que c’est d’abord une question de conjonction, d’alchimie. J’insiste sur ce point : découvrir l’autre, s’intéresser à lui ou elle, est vital en mode BDSM car on touche à des choses profondes de l’ordre du pulsionnel. En mode vanille vous pouvez coucher dès le premier soir, recommencer et commencer à découvrir l’autre : son prénom, son travail etc…et enfin découvrir des affinités. Car vous êtes sur un plan d’égalité. Mais le BDSM n’a pas cet équilibre. Quand on est dominant on a des pouvoirs et donc des responsabilités. Donc, avant de dragouiller la soumise, demandez-vous si vous êtes apte à assumer. Conclusion : les dominants débutants n’existent pas. Si vous assumez le statut de dominant, lisez, apprenez, entrainez vous. Ne cherchez pas une “gentille soumise consentante” en espérant vous faire la main. Et ensuite, comme dans la vie vanille, soyez vous-même et laissez la magie opérer. On ne se met pas en relation avec une expérience mais avec une personne. Bien sur, il y a des choses qui s’affirment avec le temps. Mais la base est d’être bienveillant, ouvert, curieux, introspectif et....dominant. Je vais éviter les poncifs du genre “on est tous des débutants, il faut savoir se remettre en question à chaque fois”. Le plus important c’est que l’on renouvelle le plaisir d’une rencontre comme si c’était la première fois en étant conscient que l’on doit aussi évoluer. PS : si je donne l’air d’être dur envers les “débutants”, je vous rassure, j’ai encore plus d’antipathie envers certains maîtres “expérimentés” qui ont perdu le sens des réalités. Les désabusés, les vicelards, les aigris qui sont trop exigeants même avec les soumises “débutantes”, qui ne prennent plus aucun plaisir dans la découverte de l’autre. Je finis par trois citations, meilleures que mes mots. Une que l’on attribue à Arthur Ashe : “Commence où tu es. Utilise ce que tu as. Fais ce que tu peux...” Et une autre de Lao Tseu : “Quand le débutant est conscient de ses besoins, il finit par être plus intelligent que le sage distrait.” Et Paulo Coehlo : "Un guerrier (de la lumière) ne tente pas de paraître. Il est." (Manuel du guerrier de la lumière) Ethan P.S. : Réécriture d'un texte que j'ai publié sur Fb, il y a des années) Illustration : montage de Le Retour du Jedi, Richard Marquand, 1983
3 Commentaires
AnnaAnnat
22/9/2019 10:18:42
Excellente publication...Merci Monsieur
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Ethan
24/9/2019 23:10:35
Merci
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Sléna
16/4/2020 13:44:53
Merci, pour cet article. J'aime le fait que celui-ci est plus orienté sur le psychologique que le physique pur, j'ai lu des sites parlant plus des sensations physique plutôt que le psyché.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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