Les mots écartelés : la punition, seconde partie.![]() Seconde partie de l'étude de la punition. Ici nous abordons la pratique et les conditions de sa mise en oeuvre. 1) Les grandes règles de la punition a) La punition doit être juste Il est important pour ma soumise que je ne confonde pas punition et exercice, renforcement, dressage ou discipline. La majeure partie des soums veulent un dominant juste. Peut-être dur mais juste. La punition est la seule action qui est motivée par l’échec de la soumise. Il faut faire la différence entre un caprice du dom, un ordre, un exercice même douloureux et une sanction. Il ne faut donc pas confondre une séance d’impact comme exercice SM et une séance punitive de cravache. Il faut aussi faire la différence entre la punition et les tourments physique et psychologique que l’on peut faire subir à une soumise en séance. Celle qui concerne le fait de repousser les limites par exemple. B) La punition comme fétichisme.
Il y a une exception à considérer : la punition comme fétichisme. Cette image d’Épinal du BDSM où une brat (rebelle) tortille du croupion avec un regard lubrique et dit “j’ai été vilaine monsieur”. C’est assez répandu. Point de départ de nombreux vanilles épicés. Il peut être initié par les deux protagonistes mais il est du domaine du jeu de rôle et peut être utilisé pour débuter une séance qui entraine une fessée avec des insultes. J’ai eu pour habitude de déclencher les tourments psychologiques de ma soumise en prenant une voix lubrique et en lui demandant si elle avait été sage, si elle avait bien fait ses devoirs. Cela la met en transe. Et il n’est pas rare que cela tourne en fessée car, bien évidemment, la petite souillon oublie toujours quelque chose. Donc, là encore, il est nécessaire de faire la différence entre la punition comme fétichisme et la véritable punition. Beaucoup confondent et il est nécessaire de bien marquer la différence pour ne pas appuyer sur les blessures d’injustice. C) le plaisir de punir Autre point auquel il faut faire attention : le plaisir de tourmenter sa soumise. La punition ne doit pas être un moment de plaisir pour aucun des protagonistes. Premièrement cela souligne l’importance de la faute et de la nécessité de corriger une attitude. Mais le sadisme ne vaut vraiment que s’il est partagé. Même si des penseurs contemporains comme Deleuze ont séparé la complémentarité masochiste et sadique (alors que les premiers psychiatres teutons l’avaient mise en place . Cf le masochisme), nous savons désormais qu’un bon dressage ne peut se faire que dans une forme d’équité. “Dur mais juste”. Alors, oui, il y a indéniablement une forme de plaisir à voir rougir le fessier lors d’une punition avouons-le. Et de la même façon la punition subie par son maître est un peu un moment de partage et de contentement pour la soumise. Mais la punition ne peut pas être infligée sans contrôle de soi. d) les règles de la punition Ces points pris en compte, on obtient plusieurs règles simples auxquelles, j’espère, tout le monde s’accorde : - La punition est déclenchée par un manquement de la soumise. Elle est justifiée et explicable. - La punition doit être juste car proportionnelle et en rapport à la faute. Elle a un début et une fin. - Une fois la punition effectuée, il y a un pardon accordé et une page tournée. Car elle doit être éducative : pour pouvoir changer de comportement, la soumise doit aussi être réhabilitée. - La punition n’est JAMAIS effectuée sous la colère. Quelques bémols : - On peut simuler la colère par exemple si un message de trahison veut être passé. Mais on doit avouer après que cette colère était simulée. - On peut décider d’un seul type de sanction quelle que soit la faute. Le très classique coup de règle ou de cravaches par exemple. Mais on joue sur la gradation du nombre et de la force utilisée. La punition est donc véritablement une sanction. Mais avant l’acte il y a les raisons. La punition est généralement considérée comme une conséquence négative infligée en réponse à un comportement jugé inapproprié. Elle est souvent utilisée pour décourager ou dissuader une personne de répéter un comportement spécifique à l'avenir. On en conclut deux choses : - Il n’y a pas que l’oubli ou la désobéissance qui peuvent être punie. Une attitude inappropriée qui n’a pas été formalisée explicitement peut aussi être un motif. - La punition doit être suffisamment négative pour servir de leçon et ainsi éviter la répétition. 2) Guide de la punition Il existe plusieurs formes de punition, qui peuvent être utilisées dans différents contextes : a) La punition physique Cela peut inclure des coups, des fessées, des gifles, ou tout autre acte de violence physique à l'encontre de la personne punie. Dans un contexte SM, ce genre de punition est considérée comme inutile car les masochistes apprécient et sont donc encouragés à fauter. Reste que tout le monde n’a pas le même ressenti physique. On peut ainsi imaginer une séance d’impact qui dépasse la capacité de la soumise en frappant plus fort sur 10 coups ou plus. J’ai tendance à penser aussi qu’une fessée, ou des coups de cravache, “à froid” sous l’égide de la punition sera vécue différemment par la soumise et peut porter ses fruits. Il y a d’autres punitions physiques et humiliantes : - Les coups de règles sur les doigts. Une connotation vieille école. - À genoux sur une règle, les mains derrière la tête durant plusieurs minutes. - L’impact qui sort des habitudes : les coups sur le sexe, la plante des pieds. Précis et douloureux. - Les pinces à seins mais aussi les pinces à linges sur les pourtours : tours des seins, lèvres (bouche et sexe). Une que j’apprécie particulièrement est la pince à linge sur la langue. En effet, la punition doit correspondre à la faute. Il n’est pas rare que ce soit une prise de parole de travers ou de trop qui mène à la punition. La pince à linge sur la langue est donc appropriée. - On réfléchit bien avant d’utiliser la gifle comme punition. Si certaines l’apprécient beaucoup, d’autres peuvent la vivre très mal. La gifle reste extrêmement proche des thèmes d’abus sur enfant et/ou de violence conjugale. D’un point de vue général, il faut bien penser à la symbolique de chaque acte et donc ne pas agir de manière impromptue. - Magic wand. - Punaise. Étaler quelques punaises sur une chaise et faire assoir la soumise dessus. Cela peut-être graduel, le nombre de punaises étant relatif à la hauteur de la faute. C’est une punition plus impressionnante que véritablement douloureuse mais elle fait son effet. - Il y a des punitions qui demandent de l’organisation et qui se vivent dans un niveau plus élevé de relation. Comme celui de forcer sa soumise à sucer, ou se faire prendre par un inconnu. Ou la forcer à regarder quand on domine une autre soumise. - La relation à l’hygiène. Exiger une fellation par exemple après une journée de boulot ou sans être passé par la douche. - La liste punitive. Ou le sac de punition. C’est un mélange de toutes les punitions possibles regroupées et attribuées au hasard. Par exemple : faire porter une couche pour adulte (ABDL). Un fétichisme non excitant est intéressant par son côté incongru même s’il n’est pas difficile. On peut utiliser un dé qui donne un numéro piochant dans une liste d’actions préparée . Ou un sac, ou un bol, dans lequel on a glissé des papiers avec des actions précises. Cette compilation devient un instrument de dissuasion car la soumise connait son contenu et la menace du hasard devient alors extrêmement dissuasive. On peut la concocter en partant des points les moins acceptés de la checklist et l’agrémenter de détails moins BDSM comme un que j’aime beaucoup : manger une poignée d’insectes comestibles. b) La privation Cela implique de priver la personne punie de quelque chose qu'elle apprécie. La privation a quelque chose d’intéressant car elle peut être prolongée dans le temps ou être cyclique. Ainsi, on peut la priver de : - Nourriture (quelque chose qu’elle apprécie, un péché mignon dont elle est privée). - Vêtement. Par exemple sans culotte pendant une journée (j’en connais une qui serait vraiment malheureuse) ou au contraire forcer à porter un vêtement qu’elle n’apprécie pas. - Miction. L’interdiction d’aller aux toilettes peut-être perçues comme une punition même si c’est aussi un exercice. La forcer jusqu’à uriner sur elle est très efficace. - L’hygiène. Certaines soumises sont portées sur l’hygiène. Pas de lavage après avoir servi de vide couille par exemple. Notamment après une faciale. Lui interdire la douche ou le déodorant durant une journée. Cela peut être gênant si elle doit aller au bureau, ou faire des courses. Souvent elle est loin de sentir mauvais mais la sensation de ne pas l’être peut être impactant. - De plaisir sexuel. On peut lui interdire de jouir pendant un certain temps. On peut même induire une ou plusieurs masturbations sans autoriser son orgasme. - De plaisir de son maitre. Beaucoup de soumises se sentent flattée et voient comme un privilège de sentir la jouissance de leur maitre (ou maitresse). On peut donc la priver de pénétration ou de la jouissance de son maitre. C’est redoutable car la soumise ressent très fort l’indignité de la semence de son maitre. - De plaisir personnel : interdiction de fumer, vaper, jouer sur son téléphone. Ce sont de bonnes punitions quand on manque de temps et qu’on n’est pas dans un contexte BDSM. On peut donc agir sur sa soumise efficacement. Car rien que d’ordonner “pas de cigarette ou de jeu” donne tout de suite envie de le faire. La sensation de manque sera donc efficace. La encore ce peut-être une punition appropriée quand on travaille sur la volonté et/ou les addictions de sa soumise. - De liberté. On parle bondage bien sûr. Comme d’être attachée durant un long moment sans rien d’autre. Ou être enfermée dans un placard. Mais cela peut être aussi une punition plus axée sur la vie personnelle comme l’interdiction de sortir. - La plus dure des punitions reste celle de la non-communication pendant un certain temps. Souvent utilisée en relation à distance, cette punition est particulièrement cruelle. On prive tout simplement et complètement de la présence de son maitre durant un laps de temps qui n’est pas spécifié. On formalise ainsi : “ne m’appelle pas. Si tu le fais, je ne répondrai pas. C’est moi qui te recontacte quand je l’estimerai nécessaire.” J’insiste sur le fait que cette punition est particulièrement dure mais elle répond quelquefois à une nécessité précise ayant trait à l’exigence de la soumise et de son besoin qu’on s’occupe d’elle. Il faut faire très attention à la blessure d’abandon. c) La punition morale Elle fait pas mal physiquement et ne constitue pas une privation mais elle est souvent très désagréable : - Le très classique faire des lignes. Comme à l’école. Recopier 100 fois “je ne répondrais pas méchamment à mon maitre comme un pékinois” par exemple. Personnellement je n’apprécie pas ce genre de punition mais, encore une fois, elle peut s’adapter à la personnalité de certaines soumises. - La mise à l’écart. Dans la continuité de l’attirail écolier on a : mettre au piquet, rester sur une chaise, porter un bonnet d’âne. La mise en isolement est efficace pour calmer une situation ou pour donner du temps à la personne punie pour réfléchir à ses actions. Nous sommes proches de la privation de liberté comme l’enfermement dans un placard (attention à la claustrophobie et à l’oxygène). - Uriner sur sa soumise, éjaculer sur son visage et/ou ses cheveux, la prendre presque à sec à la hussarde, etc.…Selon ce qu’elle apprécie ou pas, peut être une bonne punition. J’ai tendance à avoir des caprices de dom en faisant ce genre de choses car dans mon système d’éducation de soumise je lui rappelle que son seul objectif est de satisfaire son maitre. Ainsi, être utilisée est souvent perçu comme un plaisir par ma soumise. Pour d’autres, avoir le sentiment d’être un vide couille peut-être prit comme une punition. - La réprimande verbale : cela consiste à réprimander la soumise verbalement, en lui faisant des reproches, en la critiquant ou en la rabaissant. Bien qu'il s'agisse d'une forme de punition non physique, cela peut être tout aussi blessant pour la personne punie. Cela accompagne souvent les autres formes de punition (physique et privation). J’aime particulièrement sermonner ma soumise. Cela vient de ce côté “monsieur je sais tout” qui a tendance à bien l’ennuyer à mort. Faire la leçon et expliquer pourquoi est aussi nécessaire pour que la soumise puisse trouver le moyen et les raisons de ne pas recommencer. La punition verbale est aussi intéressante par son côté humiliant. - En public. Toutes les punitions peuvent être réalisées à deux ou en public. Prendre des personnes averties à témoins ajoute la dimension humiliante nécessaire. Ainsi une punition peut ne pas être difficile à effectuer comme des positions de soumises, ou quelques coups de cravaches, mais en montrer la réalisation peut porter ses fruits. Cela peut être réalisé en public, en vidéo ou photo. Ces deux dernières ont un autre atout : celui de rester comme témoin. Le rappel qu’il existe un témoin d’une punition est souvent dissuasif. Il est important de noter que certaines formes de punition sont plus efficaces que d'autres, et que certaines peuvent avoir des conséquences à long terme sur le bien-être de la personne punie. Dans la plupart des cas, il est préférable d'utiliser des méthodes de discipline positives, telles que la récompense et la reconnaissance, plutôt que des méthodes punitives. Conclusion La punition reste, dans un contexte de relations de pouvoir, une méthode de discipline ou de domination sur une personne. Les dominants les plus pervers, voire ceux qui établissent une relation toxique, l’utilisent comme un outil d’avilissement et de contrôle. Ainsi, ils “poussent à la faute” et sont souvent mécontents de leur soumise. Ils semblent garder le compte des mauvaises actions précédentes. C’est un asservissement négatif à mon sens. Si certains doms l’utilisent à mauvais escient, certaines soumises et soumis apprécient aussi ce genre de domination dictatoriale. Ils ont l’impression d’être fautifs/pécheurs et ont un besoin d’être serrés en permanence. Pour moi c’est une action à utiliser avec parcimonie et ne peut pas être la toile de fond du dressage. Car toute forme de punition répétée peut causer des dommages psychologiques. À vous de trouver un équilibre. Pour nous (ma soumise et moi) punition rime avec justice. La punition à une subtilité qui va de pair avec la domination : celle d’une forme de protection dans la vie quotidienne. Non seulement la dureté d’une punition renforce le caractère mais surtout elle protège psychologiquement car on devient moins attaquable par d’autres. C’est ce leitmotiv où l’on se dit “il n’y a que mon maitre qui est autorisé à me faire cela”. Cela permet de se protéger de l’influence punitive, voire négative, des autres. Enfin comme évoquée au début, la punition est un outil d’affranchissement, un moyen d'atteindre la liberté. Non seulement en obtenant le pardon de la faute directe en tant qu'outil relationnel au sein du duo dom/soum mais aussi comme moyen d’évolution de la personne à moyen et long terme. Comme théorisé par Hegel dans la “dialectique du maître et de l’esclave”, c’est au travers des épreuves les plus dures que l’être humain évolue. Je termine en réitérant que j’évoque ici l’utilisation de la punition dans le cadre BDSM dans une relation consentie à deux. Je ne parle pas d’éducation des enfants du tout. Même si les principes fonctionnent. Pour être franc je suis plutôt faible envers mes enfants et les punitions ne tiennent pas longtemps avec moi (genre confiscation de la console). Je fais vraiment une différence entre la vie familiale et la vie sexuelle alternative. Ethan
1 Commentaire
Monsieur Fred
25/8/2023 07:50:58
Article très très intéressant qui reportorie vraiment bien l ensemble des possibilités.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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