Les mots écartelés partie 7![]() Warning : ne pas lire si vous n’avez pas une réelle capacité au second degré et à la remise en question personnelle. Ils et elles n’aiment pas les cases. Surtout dans le BDSM, surtout les doms. C’est pour cela qu’il y a autant de mots pour évoquer une personne dominante. Et le spectre est trèèèèèèèès large : primal, alpha, rigger, shibariste, top, hédoniste, sensualiste, sadique, caregiver, daddy, castrateur (trice), déesse, monseigneur (j’en pince pour celui-là) prédateur (comme si primal n’était pas assez fort, à moins que ce soit lié au film du même nom)… Je passe sur toutes les traductions utilisées tel quel pour impressionner : maitre, meister, maestro, senseï…J’en oublie et le temps que je publie ce texte d’autres vocables viendront s’ajouter car il est important de spécifier son côté unique. Dors et déjà, vous avez envie de me crier un truc du genre “rigger ce n’est pas dom”, “alpha c’est au-dessus de dom”, “primal c’est être à l’écoute de ses instincts”. Oui, je vous entends. J’entends surtout l’égo qui tente par tous les moyens de se rassurer, de défendre sa tourelle de fierté. Malgré ce désir ardent de vouloir paraitre le seul si ce n’est le meilleur. Allant contre cette peur de révéler l’essence même des dominants et dominantes, je tiens à partager mes observations. Comment se dépêtrer dans les vocables de doms ? Les doms noueux : rigger, rope top, rope artist, attacheur, shibariste, kinbakushi, nawashi. À coup sûr quand vous rencontrez un homme (ou une femme) qui se définit comme tel cela va impliquer du jute, du lin, du chanvre et du nylon. De la patience et des nœuds. Malgré la spiritualité que l’on accorde aux cordes sans faux accord, les attacheurs restent des doms parce qu’ils décident ce qu’ils font à la personne et que la frontière est assez floue entre performance, art et sexualité.
Nota : rigger est aussi un terme utilisé aux États-Unis pour qualifier le mec passif dans la relation homo lors de pénétration anale. Je le fais remarquer car on m’a reproché souvent de ne pas faire mention des termes dans leur langue d’origine et leur contexte. Les doms sexuels : hédoniste, sensualiste, pervers, épicurien, giver, bull…Une large palette qui se résume au final à une forme de pénétration avec des allers-retours jusqu’à la jouissance de l’un ou des deux protagonistes. Se définir comme personne cherchant avant tout le plaisir est à la frontière du BDSM. S’il est dans l’acceptation et la compréhension des fétichismes et donc dans leur utilisation, oui, on peut établir qu’on est dans le BDSM. Mais si la philosophie s’arrête à boire un verre, faire la fête et baiser, non. C’est vanille de Madagascar avec des noix de macadamia. Ce qui, je fais une digression, est un procédé fort couteux pour se gaver de glucide rapide et de mauvais gras. Car si la vanille vient de Madagascar, la noix de macadamia vient d’Australie ou de Thaïlande, bref de loin. Les deux. Le cout carbone d’une glace vanille ça fait flipper. À choisir, je prendrais de la vanille bourbon réunionnaise accompagnée d’amandes de badâmes. Non seulement le meurtre climatique est moindre et on a plus de goût et plus d’énergie. Je dis ça, je dis rien. Il est intéressant de noter que l’hédonisme (je vous fais grâce de la racine grecque) est la recherche du plaisir en évitant toute forme de souffrance. Ce qui, dans l’absolu, l’exclue du BDSM, d’autant plus qu’elle évite à tout prix des actions du genre la frustration, la privation, la soumission ou la violence. On pourrait presque lui opposer l’eudémonisme qui n’est pas la recherche du plaisir mais celle du bonheur. À ce titre un eudémoniste serait apte à pratiquer le BDSM sous toutes ses formes. De la même façon l’épicurisme (d’Epicure , 306 avant JC soit à peu près 2323 avant Macron) proche du stoïcisme, aurait un objectif de plaisirs simples et surtout d’ataraxie (tranquillité de l’âme). Quelque part, être épicurien est un objectif pas tellement un moyen. On a tendance à penser aux épicuriens comme des bons vivants privilégiant l’amitié et la famille. Parmi les 4 premiers principes on retiendra le quatrième : la capacité de supporter la douleur. Bien sûr, on peut faire dévier la philosophie épicurienne pour qu’elle s'adapte à nos pratiques BDSM. L’épicurien reste une bonne philosophie mais la notion de domination est quasiment absente. Fetlife propose hédoniste et épicurien mais pas eudémoniste. Le contraire serait plus pertinent d’autant plus qu’on peut trouver le mot “démon” dedans sans que cela n’a rien à voir. Concernant les bulls, givers et autres étalons, c’est simplement la bite à la place du cerveau. Essentiellement des outils et pas des doms malgré ce qu’ils aimeraient croire. Ces derniers sont un peu des queutards qu’on aurait discipliné ou qui sauraient suivre certains protocoles pour se vider les couilles. Parce qu’on est bien d’accord, tous ces gentils “doms” sexuels ont un seul objectif : trouver le plus court chemin pour l’expulsion des fluides. Alors que dans le BDSM le chemin est aussi important que sa finalité. Maintenant, la sensualité, la sexualité, les jouissances, le subspace sont importants. Et un nombre de fétichismes comme le candaulisme, l’exhib, le dogging sont de vraies pratiques intégrées à la D/s. Les doms sexuels et les bulls ont donc leur place. Les doms monophasés. Je les appelle ainsi car leur étiquette se réfère quasiment à une seule action ou un kink unique. Exemple : sadique (plaisir à donner de la douleur), degrader (dégrader), handler (prise en main en pet play), maestro (se veut artistique comme un metteur en scène), tamer (dresseur), spanker (fesseur). Pas grand-chose à ajouter. Vous faites quoi dans le BDSM ? Bah moi je suis un disciplineur, c’est ma raison d’être. Je discipline les soums comme la soupline assouplit le linge. Non seulement l’unicité d’une action peut être mystérieuse mais beaucoup y ajoutent une référence à une école. Genre dresseur de l’école anglaise. Et, on le sait, les écoles ne sont que des images d’Épinal issues de films pseudo-érotiques des années 70. Mon point de vue est que ces étiquettes auto-affectées cachent plutôt des personnalités abstrus à éviter. Les doms trop classiques. Oh, vous avez un morceau de patriarcat entre les dents. Certes, ils sont classiques et considérés comme vintage et il n’y a guère que les boomers (dont je fais partie) qui utilisent ces termes à tel point qu’on peut les appeler les “doomers” : maitre, master, senseï, owner (propriétaire), kajirus (propriétaire goréen d’une esclave). Malgré ma volonté de vouloir évoluer j’ai du mal à faire utiliser un autre terme que “maitre” à ma soumise. J’ai bien essayé de me définir avec un néologisme de ma composition : domantique. Faut que j’essaie de le faire accepter par la communauté des doomers avant son extinction. Donc, derrière le classicisme qui est encore difficile à contourner, on peut déceler aussi un léger parfum de naphtaline. Là encore, je précise que je fais partie des ringards classiques mais j’espère que nous préservons aussi une forme de sagesse. Les doms transgenres : bah oui c’est la mode et à leurs corps défendant certains font de l’appropriation animale et/ou mythique : primal, alpha, dragon, loup, ours, loup-garou, prédateur. Je suis sûr que l’on peut croiser même des aigles, gorille, lion…Tout animal que l’on mettra en haut de la chaine alimentaire. Outre que ce n’est pas très vegan tout ça, on notera que je n’ai pas encore croisé de requin, orque ou mégalodon (et pourtant il y a mégalo dedans). Donc tout va bien. Mon analyse de ce type de doms (et de soumises d’ailleurs) se trouve dans des textes précédents : Primal et Alpha. Pour vous résumer : ne pas confondre “être” et “paraitre”. Les doms égocentrés. Ils font rire et parfois pleurer. Cette catégorie hors sol est à éviter sauf s’il y a mention que c’est du second degré : god, godess, deity (dieu, déesse, divinité), lord, Monseigneur, prince et princesse, marquis, conte, baron, … Les doms monétique. À un moment ou un autre, les doms se définissant comme cela établissent une relation basée sur l’argent. Ce qui a tendance à troubler la sincérité d’une relation : daddy, daddy bear (papa ours), mommy (maman), caregiver (soignant), dollmaker (créateur de poupée). Oui, l’origine de ces définitions vient des States. Ils sont à la fois en avance mais aussi les as de la simplification. Il faut savoir que nommer une attitude a tendance à la légitimer. Pour autant, on est en droit de se demander si c’est une vraie posture dominante et/ou BDSM. Parmi les particularités on note que le Bear (ours) a souvent plus un rôle de protecteur que de dom. Et enfin, comme pour rigger, les bears sont aussi un type de personnes tendance gay. Et les deux sens peuvent se référer à la même personne. Par exemple un bear protecteur d’uns soumise et qui explore aussi son côté homo ou bi. Il y a de grandes chances que vous ne vous reconnaissiez pas précisément dans ces dénominations car elles ne vous correspondent ni précisément, ni entièrement. Alors, oui, peut-être que vous avez écrit “primal” ou “maitre” sur votre fiche mais c’est plus par clientélisme. C’est pour cela que je vous propose ma version dans le texte suivant “les différentes races de doms”. Ethan Nota : Beaucoup de mots ont été pris sur Fetlife puis analysés et croisés sur d’autres sites anglo-saxons. A chaque fois mon analyse “sémantique” se fait par rapport au contexte et à la langue. Dans notre francophonie certain n’hésite pas à piquer des termes anglo-saxon ayant un sens particulier dans le pays d’origine. N’oublions cependant pas que les racines sont pour la plupart latines ou grecques et que donc elles ont un premier sens sémantique auquel on peut se référer.
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Ethan, adepte du BDSM, dominant, explorant une philosophie humaniste au travers d'une pratique socialement en marge. Archives
Novembre 2023
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